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LES AUTRES MARQUES.

 

Certaines marques insculpées sur les objets en étain ancien de Bordeaux n’ont jamais eu de caractère officiel comme celles des maîtres ou des contrôles de la ville. Il n’existe aucun texte sur lequel notre mémoire pourrait s’appuyer pour conforter leur apparition.

En conséquence, si elles peuvent être une aide à l’identification, en aucun cas, elles attestent une appartenance certaine à Bordeaux.

 

Marques de qualité appartenant aux maîtres bordelais.

Non assujetties au payement de taxes, elles n’indiquent que la qualité, mais en aucun cas elles ne contrôlent cette qualité.  Ainsi, ce n’est pas parce qu’il est écrit « FIN » dessus que l’objet est en étain fin. Elles sont si nombreuses que beaucoup de maîtres devaient en posséder une pour l’étain fin, mais aussi pour l’étain commun.

Dans son ouvrage, « l’Art du Potier d’Etain », paru en 1788, Salmon est muet sur l’ensemble de toutes ces marques, officielles ou non, ce qui semble indiquer que leur époque est terminée.

Elles étaient apparues au milieu du XVIIème siècle, réponse bordelaise à l’étatisme parisien imposant par la Sentence du Chatelet, 5 août 1643, une standardisation incompatible avec la diversité de nos régions.

Fin couronne aux va     Fin couronne aux v a 02

Puis elles se développèrent après l’échec  du contrôle officiel de 1675, les maîtres potiers d’étain  se dotaient alors de poinçons, ronds, de faible diamètre, portant soit l’initiale F pour désigner l’étain fin, soit celle de C pour marquer l’étain commun. En général, elles étaient frappées avec soin, soit juste au-dessus du poinçon de maître, à un tel niveau de perfection que cette marque semble appartenir au poinçon du maître, soit de chaque côté, bien réparties.

Marque f couronne octogone     F couronne exterieur     F couronne avec listel lisere     F couronne aux deux etoiles

Un peu plus tard, elles s’exprimèrent dans une forme polylobée, avec deux palmes croisées en support de la lettre F.

 

Au XVIIIème siècle c’est un cartouche rectangulaire portant les mots RAFFINE ou RAFINE qui sera utilisé, toujours sans aucun caractère officiel, ainsi qu’un petit cartouche contenant le mot « FIN » mais, comme dans d’autres régions.

 

Marques de contrôle des raffineurs bordelais.

Appelé d’habitude balancier, en France, à Bordeaux il est l’artisan qui rajuste les différents instruments de mesures dont les commerçants se servent pour peser et mesurer leurs marchandises.

Lorsqu’il est cité, on dit « le marqueur raffineur des mesures de la ville », ou encore, « l’affineur juré des grandes mesures de la ville », ou, « le raffineur des mesures », selon qu’il est bayle, de l’année en cours, ou non, mais toujours pourvu d’un office cédé par la Jurade  de la ville. Jamais n’entre dans ces citations, la notion de fabrication, le balancier contrôle la contenance, il ne fabrique jamais le contenant.

Dépendant de la Jurade, les raffineurs reçoivent de celle-ci les mesures-étalons ainsi que le poinçon des armes de la Ville. Il choisit une marque particulière qu’il dépose en Jurade, c’est celle que nous retrouvons sur la face extérieure de l’anse des mesures, à côté de la marque de la ville, la mesure était alors dite étalonnée. Il pouvait vendre des mesures neuves, achetées auprès d’un maître potier d’étain, donc déjà marquées du poinçon  du maître et déjà frappées du contrôle de la ville.

Un arrêt de la Cour de Parlement, portant règlement pour la jauge des Barriques, du 28 août 1772, nécessita au préalable, un ensemble d’observations et d’expériences menées tant sur la velte, que sur le pot bordelais. A cette occasion, il fut rappelé que les unités de mesures officielles pour les liquides étaient au nombre de trois : barrique, velte et pot. Que, concernant cette dernière, les sous multiples de celui-ci divisé en demi, quart, sixième et huitième étaient :

Le 1/8e ou pinte de huit = 0,283 litre.

Le 1/6e ou  pinte  de six = 0,377 litre.

Le ¼ ou pinte de quatre = 0,566 litre.

Le ½  pot,  ou  bouteille = 1,132 litre.

Le pot = 2,265 litres.

Ainsi, les seules mesures à vin sur lesquelles il est normal de constater la présence d’une marque de raffineur ne sont qu’au nombre de cinq, citées ci-dessus.

A la fin du XVIIème siècle, en 1697, ceux qui occupent les six offices de la ville sont : Jean et Bernard Mirambeau, Jean Guimbault, Brassens et Lamangue Arnaud. L’un d’eux devait posséder à l’époque deux offices, le coût pratiqué étant de cent cinquante livres.

 

La contremarque.

Pour éviter toute erreur d’interprétation, ce mot désignait la marque nécessaire aux pièces en étain pour marquer qu’on avait fait l’essai, et que celles-ci étaient bien de la qualité à laquelle elles étaient en vente. On disait d’une telle pièce qu’elle était contremarquée du poinçon de Bordeaux ou de la communauté des maîtres potiers d’étain de Bordeaux.

 

Les marques en relief des moules.

Nous donnons ce nom aux marques que le propriétaire du moule avait pris soin de faire graver sur le moule dont il était appelé à se servir. A Bordeaux ce ne sont que les moules des mesures à vin qui sont concernés.

Les plus anciennes apparaissent sur le fond intérieur de ces objets ; en fait, celles-ci ne provenaient pas du moule, mais, du mode de fabrication de ces mesures, la fonte en coquille.

La pièce passée au tour, l’axe de celui-ci traversant le fond de la mesure, il importait de combler ce trou ; comme un appui était nécessaire, certains pintiers en profitèrent pour mettre en bout de la tige-support une image de leur marque, souvent plus grande. Ainsi la mesure était sur le fond extérieur frappée de la marque du maître potier, et sur son fond intérieur portait en relief une reproduction de leur marque.

L’abandon de la fabrication en deux coques longitudinales, déplaça l’apposition de la marque  vers l’intérieur de l’anse où elle était véritablement sculptée dans le moule.

L’intérêt de ce marquage lorsqu’il est né du moule, c’est que nous devons le retrouver sur chaque pièce produite de ce moule.

 

 

 

Les marques de propriété.

Nous distinguerons celles qui sont insculpées de celles qui sont simplement gravées.

De prime abord, elles ne sont pas d’une grande importance, cependant, dans certains cas elles peuvent conforter, ou initier une appartenance bordelaise.

 

Les marques d’armoiries insculpées.

Frappées elles peuvent renseigner sur la noblesse, ou la personnalité religieuse qui en eurent l’usage ; elles sont frappées avec des cachets d’acier qui restent souvent aux mains du maître potier d’étain. Le problème est qu’au décès de celui-ci, l’appartenance du particulier à qui elles étaient  est souvent inconnue, devient source d’interrogation, puis les ventes aidant s’évanouissent pour toujours dans le meilleur des cas.

Ainsi les fils de Joseph Taudin déclarent ignorer, en 1710, à qui appartiennent les cachets armoriés que leur père décédé détenait dans sa boutique.

Les marques des communautés religieuses sont presque toujours insculpées par frappe et rarement gravées.

 

Les marques d’armoiries gravées.

Avec les marques d’armoiries gravées la connaissance du premier propriétaire se fait plus précise, car qui aurait osé mettre son blason sur un objet d’occasion ? La reproduction  par gravure par le maître potier lui-même peut très bien ne pas être fidèle à l’original. La connaissance de celle d’un individu n’implique pas la connaissance de son ascendance, ni de sa descendance puisque seul l’aîné…

On entend par brisure le changement intervenu dans les armoiries d’une famille pour distinguer les différentes branches d’une même famille, puisque seule la branche aînée se transmet les armes primitives. Ainsi d’une armoirie originale on ne connaît souvent que les modifications apportées par addition ou suppression d’un meuble, quand ce n’est pas la couleur des émaux qui est changée.

Lorsque celle-ci couvre une grande partie de l’objet, tout en demeurant aussi mystérieuse, l’intérêt décoratif se dévoile.

 

Les noms gravés.

Les noms en entier transcrits sont déjà un peu plus intéressants, tout en restant aussi inutiles dans l’histoire de l’objet.

 

Les initiales gravées et frappées.

Les marques gravées, et qui ne sont que les initiales d’un propriétaire à un moment de la vie de l’objet, n’apporte pas grand-chose à son histoire. Frappées une à une, et souvent séparées par un symbole telle une fleurette, une étoile, alors que leur rôle de protection contre le vol dû s’avérer souvent illusoire, les individus aux initiales identiques se côtoyant souvent, même les maîtres potiers d’étain sont difficiles à identifier lorsque seules leurs initiales marquent un poinçon.

 

Les autres.

Mais malheureusement certaines marques ont été frappées sur des pièces pour convaincre de l’authenticité de la pièce, et ainsi en augmenter la valeur, alors que leur inutilité est constante, n’apportant à la pièce qu’une interrogation sur cette marque, évidemment non insculpée par le fabricant.

Ce sont celles que nous appelons les marques de trop.

En effet lorsqu’une pièce est déjà porteuse de marques permettant l’identification de son fabriquant, et donc son origine, il est inutile d’en rajouter…Le maître potier d’étain aurait-il déposé une telle marque au greffe du parlement de Bordeaux ? C’est la bonne question que vous devez vous poser, et vous verrez que la réponse va de soi.

De même, il n’est pas sérieux qu’une pièce puisse porter un poinçon de contrôle alors qu’elle est dépourvue du poinçon du maître qui l’a fabriquée…Pas plus qu’une mesure à vin non officielle n’a pu être contrôlée par un raffineur bordelais…

Un contrôle non justifié, c’est énorme, pourtant peu de collectionneurs le remarquent.

 

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