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Assiette de la veuve Coustans

ASSIETTE de la veuve COUSTANS.

 

Description : assiette à grand bord d’une livre et demie.

Issue d’un moule de la famille Coustans Pierre, à aile de 58 millimètres de large pour un diamètre de l’assiette de 24,5 centimètres ; poids de 547 grammes.

Coustans veuve assiette 3

Explications : pour rester dans la logique historique, nous devons utiliser les termes usités lors de la fabrication de la pièce, et c’est ainsi que l’on nommait ces assiettes, le poids indique par extension une taille puisque celui-ci nous donne la quantité de métal nécessaire à son élaboration. Aujourd’hui, ce poids représente moins d’une livre et demie de métal, sous entendu livre bordelaise de 407,92 grammes, mais à l’origine, il y a environ 235 ans, il y avait près de 610 grammes d’aujourd’hui de matière. Ce qui manque est due à l’usure, très visible.

Comme aucune autorité n’a imposé à un membre de la famille Coustans une quelconque forme, c’est la dimension de la pièce sortie du moule qui est à considérer. Pourquoi affirmons-nous Coustans ? Tout simplement parce que le poinçon du maître qui est insculpé au dos porte en exergue sur les marques moins usées, plus nettes, « Pierre Covstans ».

 

Les deux petites marques d’un « F couronné », accostant le poinçon du maître, même en partie illisible, sont connues et furent apposées entre 1675 et 1691, dates de deux contrôles officiels.

F indique un étain fin, le poinçon de maître est également celui pour l’étain fin, la frappe au dos de la pièce atteste cette qualité.

Le nom gravé « I.DECABRIDENS » indique le nom du propriétaire, en général le premier, qui fit l’acquisition de cette assiette.

 

Nous vous demandons d’attarder votre regard sur le fond, exempt de traces de marteau, ce qui confirme l’usage d’un moule ; le faible diamètre explique l’absence de consolidation de la pièce  par forgeage. On appelait ainsi l’écrouissage sur le tas (petite enclume) à coups de marteau.

De même, la moulure très régulière sous le bord de l’aile provient bien d’un moule présentant dès l’origine cette moulure dans sa forme.

Un peu d’histoire.

Le mot assiette n’a pris la signification que nous lui accordons aujourd’hui qu’au XVIème siècle ; avant cet objet n’existait pas, les aliments liquides étaient servis dans des écuelles, et ceux solides, sur des tranchoirs.

Mais ce mot existait : il désignait la place que le convive à table devait occuper, l’ordre des invités.

C’est pourquoi nous pouvons entendre l’expression « vendre du vin à l’assiette » comme le fait que le marchand avait le droit, l’autorisation de laisser son client s’asseoir pour consommer son vin sur place. Dans le cas contraire, le marchand ne pouvait que « vendre du vin au pot ».

Les premières assiettes apparaissent sous François 1er, et l’influence italienne des assiettes de faïence est évidente. Elle est ronde et elle se compose d’un fond, d’un marli et d’un bord ; jusqu’au milieu du XVIIème siècle elle sera toujours plate.

Lorsque ces assiettes plates se creusent, on les baptise « assiette à l’italienne » parce qu’un certain cardinal de l’époque en importa beaucoup de son pays d’origine, et en posséda une grande quantité, au point qu’au XVIIIème siècle, pour les évoquer, on dit « assiette à la mazarine », et aujourd’hui on cite « les assiettes à la cardinal », sans que la ressemblance avec certain chapeau puisse être évoqué.

 

Un peu de technique, ne serait-ce que pour s’assurer que les marques de fabrique encore présentes sur l’objet correspondent à la manière de faire.

Sortie du moule, il fallait pouvoir donner à l’objet le brillant tant recherché, alors qu’aujourd’hui nombre de collectionneurs préfèrent les laisser dans leur teinte grisâtre, il est vrai, dans leur patine selon le marchand.

Le potier d’étain devait monter sa pièce sur le tour, et pour cela il se servait de sa croisée.

Il s’agit d’un outil formé par un cercle de fer joint, lié en son centre par trois rayons doubles qui aboutissent à trois points de cette circonférence, également distants l’un de l’autre.

Entre les deux branches de ces rayons doubles, coulisse un crampon dont la queue percée d’une mortaise permet le blocage sur ces rayons par une clavette. Au centre de cette croisée, par derrière, est une queue carrée qui entre dans la boîte de l’arbre du tour, également clavetée.

Pour centrer la pièce, il suffit au potier d’étain de prendre avec un compas le rayon, et de reporter sa mesure sur les trois rayons doubles pour descendre les crampons à cette marque et les fixer avec les clavettes.

Ainsi les pièces qui sont passées par la croisée portent très souvent trois traces équidistantes sur la moulure de consolidation de l’aile, traces parfois victimes de nettoyages répétés…

Au poinçonnage ci-dessus que nous pouvons daté avant 1691,  pour comparaison voici celui de 1694.

Poinconnage vve coustans en 1694

Identification de l’activité de cette veuve de maître de potier d’étain.

Les minutes notariales sont une aide précieuse pour déterminer la période d’activité de tel ou tel maître, et il faut aller chercher aux Archives départementales ce que l’on veut savoir.

Ainsi de ces documents reproduits ci-après :

- d’abord, la confirmation du décès de Pierre Coustans, et en conséquence son impossibilité à exercer jusqu’au début du XVIIème siècle, minutier du notaire Léonard Charbonnier de l’année 1660, 3 E 3215, aux Archives départementales de Gironde.

Deliberatin deces p coustans

- simultanément, la confirmation de l’activité de la veuve, comme maître potière d’étain, dès ce décès, par la convocation à une délibération de la Compagnie des maîtres potiers d’étain, toujours en 1660, date du minutier du notaire Léonard Charbonnier contenant l’original, non folioté, 3 E 3215, aux Archives départementales de Gironde.

Convocation vve coustans en 1660

- puis, son activité, quarante quatre ans plus tard, par sa contestation sur la qualité de saumons d’étain reçus, passée devant le notaire François Fournier, acte folioté 40 du minutier 3 E 17794 concernant les actes de l’année 1704, en date du vingt deux février mil sept cent quatre, aux Archives départementales de Gironde.

Vve coustans en 1704

- et, enfin sa décision d’arrêter toute activité de potière d’étain signifiée à la Compagnie, par le notaire François Fournier, acte folioté 307 du minutier de l’année 1798, 3 E 17798, en date du sept décembre mil sept cent huit, aux Archives départementales de Gironde.

Vve coustans cessation activite

C’est ainsi que le complément naturel à toute collection d’étains anciens est la recherche des informations, d’abord dans les Registres paroissiaux, puis, et surtout pour connaître des détails de la vie du potier d’étain, dans les minutiers des notaires.

Le savoir n'est jamais ennuyeux.

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